La migraine est une affection neurovasculaire multifactorielle, invalidante et récurrente. L’origine des migraines impliquerait l’hypothalamus, le tronc cérébral et le cortex. Lorsque la céphalée est installée, elle se traduit généralement par une douleur lancinante qui s’intensifie avec une augmentation de la pression intracrânienne et s’accompagne souvent de nausées, vomissements, d’une sensibilité anormale à la lumière, au bruit et à l’odeur. Dans des cas plus rares, elle s’accompagne d’une sensibilité cutanée (allodynie) et musculaire (1).
Les composantes du bruit
Un bruit se manifeste par un déplacement d’ondes. Il est défini par son niveau et sa fréquence. Le niveau détermine si un son est fort ou faible, et il se mesure en décibels (dB). La fréquence, quant à elle, détermine si un son est plutôt aigu ou grave, elle se mesure en Hertz (Hz).
Notre quotidien est constamment rempli de bruits sans que nous y prêtions attention. Que ce soit le bruit des véhicules, des discussions dans la rue, le bruit de nos propres pas, des appareils électroménagers ou encore des bruits plus doux comme le chant des oiseaux, le vent ou nos propres mouvements. Toutes ces composantes chargent notre fatigue mentale et pourraient être à l’origine de certaines crises de migraine.
L’impact du bruit sur les crises de migraine
Une étude a mis en évidence l’impact du bruit dans le déclenchement des migraines (2). Dans cette étude, ils ont analysé les réponses physiologiques à une diffusion sonore chez 24 sujets migraineux et 44 sujets souffrant de céphalées. Ces sujets ont été soumis à un exercice mental difficile dans des conditions de stress incluant le bruit. 79% des sujets ont développé un mal de tête pendant la phase de test. Une étude ultérieure a démontré que les sujets migraineux développent plus facilement une céphalée lorsqu’ils sont soumis au bruit que les sujets non migraineux (3). Le bruit serait donc un facteur déclenchant des crises de migraine chez les migraineux.
L’étude LARES (Large Analysis and Review of European housing and health Status) a analysé les nuisances sonores dans les foyers (4). Les nuisances répertoriées étaient majoritairement les bruits de circulation (route, chemin de fer, avions, voitures de stationnement) et les bruits de voisinage (voix, bruits de pas, portes). Cette étude a révélé une augmentation des crises de migraine dans les foyers présentant une gêne chronique supérieure au bruit de la circulation et du voisinage.
L’hypersensibilité aux sons concernerait 70 à 80% des patients migraineux (5). On parle parfois d’hyperacousie, c’est une sensibilité accrue à certaines fréquences et volumes sonores.
Comment limiter l’impact du bruit sur les crises de migraines ?
Dans votre environnement de travail, veillez à diminuer les nuisances sonores. Si vous travaillez dans un environnement très bruyant (présence de machines industrielles, près d’un aéroport, haut fond sonore) essayez de porter, tant que possible, un casque ou des bouchons d’oreilles. Sans ça, au-delà des crises de migraine, votre audition risque de s’altérer. Discutez-en avec votre supérieur hiérarchique.
Si vous écoutez de la musique avec un casque ou des écouteurs, veillez à ne pas mettre le son trop fort et faites des pauses toutes les 20 minutes d’écoute. Essayez de baisser, un peu plus qu’à votre habitude, le niveau de votre télé, votre tête et vos voisins vous remercieront.
Pendant les repas, essayez de maintenir un moment de calme propice à la discussion avec votre entourage. N’allumez pas systématiquement la télé ou d’autres écrans numérique.
Privilégiez les sorties de balades en plein air à la campagne plutôt que celles à faire les magasins dans les centres commerciaux en plein milieu du week-end.
Si votre logement est trop bruyant, veillez à investir dans une isolation appropriée. En plus de réduire les bruits du voisinage et du trafic routier, vous ferez des économies de chauffage.
Ces petits détails soulageront votre environnement sonore et peuvent contribuer à améliorer vos crises de migraine.
D’autres facteurs peuvent être à l’origine de crises de migraine, veillez à porter une attention particulière sur votre alimentation, votre sommeil, votre niveau de stress, notamment au travail, pensez à pratiquer une activité physique régulière et surtout adaptée à vos besoins et vos envies… En bref, prenez soin de vous !
Références bibliographiques :
(1). Rami Burstein, Rodrigo Noseda and David Borsook. Migraine: Multiple Processes, Complex Pathophysiology. The Journal of Neuroscience, April 29, 2015 • 35(17):6619 – 6629.
(2). Martin PR, Todd J, Reece J. Effects of noise and a stressor on head pain. Headache. 2005;45:1353-1364.
(3). Martin PR, Reece J, Forsyth M. Noise as a trigger for headaches: Relationship between exposure and sensitivity. Headache. 2006;46: 962-972.
(4). Niemann H, Bonnefoy X, Baraubach M, et al. Noise-induced annoyance and morbidity results from the pan-European LARES study. Noise Health. 2006;8:63-69.
(5). Vingen JV, Pareja JA, Støren O, et al. Phonophobia in migraine. Cephalalgia 18: 243-249, 1998.