L’alimentation peut être un facteur déclencheur des crises de migraine. Je vous invite à lire l’article “Migraine et alimentation” pour plus de détails.
Nous nous intéressons, aujourd’hui, non pas aux aliments déclencheurs de migraine, mais plutôt à l’intérêt d’un régime alimentaire spécifiquement adapté aux migraineux.
Existe-t-il des régimes alimentaires spécifiques pour les patients migraineux ?
De nombreuses recherches mettent l’accent sur l’existence de régimes alimentaires aidant à diminuer les crises de la migraine.
Le régime cétogène
Une étude1, parue en 2019 dans The Journal of Headache, a démontré des intérêts bénéfiques à la mise en place d’un régime cétogène (riche en folates, très faibles en glucides, riches en oméga 3 et 6). Il entraîne une élévation des corps cétoniques qui semblerait être bénéfique dans la prévention de la migraine (ils agissent sur le fonctionnement des mitochondries, le stress oxydatif, l’excitabilité cérébrale, l’inflammation et le microbiote intestinal).
Attention, la mise en place d’un régime cétogène ne se fait pas du jour au lendemain. Il nécessite un plan alimentaire spécifique très pauvre en glucides, impliquant une phase plus ou moins longue d’adaptation du corps aux proportions alimentaires définies par ce régime, implique notamment une phase de cétose où les maux de tête risquent de s’intensifier.
Le régime hyposodé
Les migraineux auraient des taux de sodium dans le liquide céphalorachidien supérieurs à la moyenne2. Cependant, il n’a pas été montré d’amélioration significative dans la mise en place d’un régime hyposodé chez les patients migraineux.
Le régime épigénétique
Hardly et Tollefsbol, en 2011, ont introduit le terme de « régime épigénétique » pour expliquer l’impact des facteurs environnementaux dans le profil des malades3.
Les folates
Des études4 ont montré que la migraine serait liée à la méthylation de l’ADN. Or, l’acide folique (vitamine B9) intervient dans la méthylation de l’ADN. Des recherches5 ont confirmé l’intérêt de l’acide folique pour améliorer les crises de migraine.
À titre indicatif, voici quelques aliments riches en acide folique* :
- Foie de volaille : 1600 µg de folate pour une portion de 100g
- Haricots rouges : 50 g de haricots rouges secs pour 200 µg de folate
- Épinards : 100 g d’épinards crus pour 200 µg de folate
- Roquette : 194 g pour 200 µg de folate
- Patate douce : 200g cuits à la vapeur pour 184 µg de folate
- Chou de Bruxelles : 150 g de chou de Bruxelles cuits pour 170 µg de folate
- Betterave rouge : 100 g cuits contient 100 µg de folate
- Fraise : 100g pour 100 µg de folate
- Radis rouge : 100g pour 100 µg de folate
- Brocolis : 75 µg de folate pour une portion de 100g
- Artichaut : 100 g cuit pour 89 µg de folate
- Pois chiches : 100 g cuit pour 84 µg de folate
- Amandes : contiennent 60 µg de folate pour 50g d’amande
*Ces valeurs constituent des approximations de la table de composition nutritionnelle Ciqual.
Le Microbiote
Il a été montré qu’une perméabilité intestinale accrue pouvait être responsable de la circulation de substances pro-inflammatoires à l’origine du déclenchement de la migraine6. Certains probiotiques (lactobacilles et bifidobactéries) aideraient à augmenter l’intégrité de la barrière intestinale et améliorer les troubles neurologique7. D‘autres études évoquent des résultats contradictoires, le sujet du microbiote doit être approfondi.
Des études mettent donc en lumière l’intérêt d’une mise en place de certains régimes alimentaires. D’autres facteurs environnementaux peuvent améliorer les crises de migraine, dont le sport.
La mise en place d’un régime alimentaire peut aboutir à des complications s’il est mal géré (dénutrition, dérèglement hormonal, fatigue…). Il est nécessaire de demander conseil à un professionnel de santé. Et de prendre contact avec un diététicien ou nutritionniste pour le suivi de la mise en place de plan alimentaire spécifique, surtout s’il implique des changements drastiques.
Références bibliographiques :
1. Jahromi, S.R.; Ghorbani, Z.; Martelletti, P.; Lampl, C.; Togha, M.; On behalf of the School of Advanced Studies of the European Headache Federation (EHF-SAS). Association of diet and headache. J. Headache Pain 2019, 20, 106–111
2. Amer, M.; Woodward, M.; Appel, L.J. Effects of dietary sodium and the DASH diet on the occurrence of headaches: Results from randomised multicentre DASH-Sodium clinical trial. BMJ Open 2014, 4
3. Hardy, T.M.; Tollefsbol, T.O. Epigenetic diet: Impact on the epigenome and cancer. Epigenomics 2011, 3, 503–518
4. Menon, S.; Nasir, B.; Avgan, N.; Ghassabian, S.; Oliver, C.; Lea, R.A.; Smith, M.; Griffiths, L.R. The effect of 1 mg folic acid supplementation on clinical outcomes in female migraine with aura patients. J. Headache Pain 2016, 17, 60
5. Askari, G.; Nasiri, M.; Mozaffari-Khosravi, H.; Rezaie, M.; Bidakhavidi, M.B.; Sadeghi, O. The effects of folic acid and pyridoxine supplementation on characteristics of migraine attacks in migraine patients with aura: A double-blind, randomized placebo-controlled, clinical trial. Nutrients 2017, 38, 74–79
6. Galland, L. The Gut Microbiome and the Brain. J. Med. Food 2014, 17, 1261–1272
7. Hiippala, K.; Jouhten, H.; Ronkainen, A.K.; Hartikainen, A.; Kainulainen, V.; Jalanka, J.; Satokari, R. The Potential of Gut Commensals in Reinforcing Intestinal Barrier Function and Alleviating Inflammation. Nutrients 2018, 10, 988